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Accessibilité numérique : un défi majeur pour les personnes en situation de handicap

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, le 24/06/2025

Accessibilité numérique : un web encore trop peu inclusif

Le 1er janvier 1983, le web a été inventé. Initialement conçu pour les chercheurs, il s’est petit à petit démocratisé, devenant un outil incontournable du quotidien. Aujourd’hui, il fait partie intégrante de la vie courante pour communiquer, s’informer, travailler, effectuer des démarches administratives, etc. En effet, en France, plus de 88 % de la population utilise Internet. 76 % ont déjà fait un achat en ligne et 71 % des Français utilisent l’e-administration (Source : Baromètre du numérique 2021).

Cependant, cette révolution numérique ne bénéficie pas équitablement à tous. Pour de nombreuses personnes en situation de handicap, Internet reste un espace semé d’obstacles, où l’accès à l’information et aux services est souvent entravé par des interfaces inadaptées. Ce qui semble simple et rapide pour une grande majorité peut devenir un parcours du combattant pour d’autres.

Pour garantir un accès équitable au web à tous, la question de l’accessibilité numérique est devenue une priorité, donnant lieu à l’élaboration de normes afin d’encadrer la conception des sites internet. L’accessibilité numérique a pour ambition de lever les obstacles qui empêchent certaines personnes d’accéder pleinement aux contenus ou aux services en ligne. En France, cette volonté s’est traduite par la mise en place du RGAA (Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité) pour rendre le web accessible à tous, sans distinction.

Le handicap ne doit pas être une barrière numérique

L’accessibilité numérique concerne avant tout les personnes handicapées, qu’il s’agisse de déficiences visuelles, auditives, motrices, cognitives, ou encore de troubles comme l’épilepsie. Pourtant, aujourd’hui encore, de nombreuses personnes se heurtent à des obstacles lorsqu’elles naviguent sur internet.

En France, 14 % de la population âgée de 15 ans et plus est handicapée. Ce chiffre, loin d’être marginal, rappelle que l’inclusion numérique est un enjeu de société. (Source : Enquête Vie quotidienne et santé – dispositif Autonomie 2021-2025)

Comprendre la diversité des handicaps pour une meilleure inclusion numérique

Le handicap ne se résume pas à une seule forme ; il peut être sensoriel, moteur, cognitif, psychique ou même temporaire, et il influence profondément la manière dont une personne interagit avec les contenus en ligne. Pour garantir une véritable inclusion numérique, il est indispensable de concevoir des sites qui prennent en compte cette diversité.

Une personne aveugle ne pourra pas accéder à l’information sans un site compatible avec les lecteurs d’écran, structuré correctement et intégrant des descriptions alternatives aux images. Une personne malvoyante, quant à elle, aura besoin de contrastes de couleurs renforcés, de textes agrandissables et d’une mise en page épurée pour distinguer facilement les contenus.

Les personnes sourdes ou malentendantes nécessitent la présence de sous-titres pour les vidéos et de transcriptions pour les contenus audio afin d’accéder pleinement aux informations. Pour celles ayant des troubles moteurs, comme une paralysie ou une atteinte neurologique, il est essentiel de pouvoir naviguer sans souris, uniquement au clavier, voire à l’aide de dispositifs d’assistance. Des boutons accessibles, une navigation fluide et une interface compatible avec leurs outils sont donc indispensables.

Du côté des handicaps cognitifs, comme les troubles DYS, le TDAH ou l’autisme, il est important de proposer un environnement simple, sans surcharge visuelle ni animation distrayante, avec un langage clair et des informations structurées de manière logique. Pour les personnes épileptiques, le moindre contenu avec des flashs lumineux ou des animations trop rapides peut déclencher une crise ; il faut donc absolument éviter ces effets.

Enfin, il ne faut pas négliger les handicaps invisibles ou les limitations temporaires. Une fatigue chronique, un bras immobilisé ou une baisse de la vision liée à l’âge peuvent rendre difficile l’usage d’un site qui ne serait pas pensé pour s’adapter.

Tout cela montre que les besoins sont multiples et spécifiques et qu’une interface bien pensée, adaptable et inclusive permet ainsi à chacun de rester acteur du numérique.

Les technologiques d’assistance au service de l’accessibilité numérique

Aujourd’hui, les personnes handicapées disposent de nombreux outils qui leur permettent de naviguer sur internet de manière autonome. Grâce aux avancées technologiques, il est possible d’utiliser des plages braille, des claviers monomanuels, des headsticks, des systèmes de eye-tracking, des claviers visuels, des lecteurs d’écran, des contacteurs au souffle, des trackballs ou même des dispositifs de contrôle par la pensée. Ces technologies d’assistance ouvrent la voie à une navigation fluide et efficace.

Cependant, ces outils ne suffisent pas à garantir une navigation autonome s’ils ne s’appuient pas sur des sites adaptés. Pour fonctionner correctement, ils nécessitent un environnement numérique pensé pour l’accessibilité. Autrement dit, c’est l’adéquation entre l’outil et l’interface qui permet à la personne de naviguer de manière autonome et efficace.

C’est un peu comme si une personne en fauteuil roulant disposait de l’équipement nécessaire pour se déplacer, mais se retrouvait face à un immeuble sans ascenseur, avec des portes trop étroites pour passer. Le problème ne vient pas de son fauteuil, mais de l’infrastructure qui n’a pas été pensée pour l’accueillir. Il en va de même dans le monde numérique : ce ne sont pas les capacités des personnes qui posent problème, mais les environnements en ligne qui ne sont pas conçus pour être accessibles à tous.

Autrement dit, une personne peut vivre avec un handicap sans pour autant être en situation de handicap et en difficulté, si l’environnement, en l’occurrence, numérique, est pensé pour inclure tout le monde. Un site bien conçu supprime les barrières, et permet à chaque utilisateur, quelles que soient ses capacités, de vivre une expérience fluide, simple et équitable.

Cependant, selon l’Observatoire du respect des obligations d’accessibilité numérique, seulement 3,5 % des sites web contrôlés respectent les exigences minimales d’accessibilité, et à peine 0,37 % se déclarent en conformité totale avec le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité. Concrètement, cela signifie que les sites ne sont pas adaptés pour que les outils puissent correctement fonctionner afin de permettre aux personnes handicapées de pouvoir naviguer. Ainsi, pour la grande majorité des personnes handicapées, la navigation sur internet reste un véritable parcours d’obstacles.

Au-delà du handicap : une accessibilité universelle

L’accessibilité numérique ne concerne pas uniquement les personnes handicapées. Elle profite à un public bien plus large, y compris à ceux qui, temporairement ou dans certaines conditions, rencontrent des limitations et se retrouvent en situation de handicap. Par exemple, une personne utilisant qu’un clavier pour naviguer, sans souris ni padel tactile, peut se retrouver en difficulté s’il faut obligatoirement une souris pour cliquer sur le bouton qui permettra de mettre un article dans le panier.

Ces situations, dites de handicap temporaire, montrent que chacun peut être concerné à un moment donné. Concevoir des interfaces accessibles, c’est donc aller au-delà du handicap pour viser une accessibilité universelle : une démarche inclusive qui améliore l’expérience de tous les utilisateurs, quels que soient leurs besoins ou leurs contraintes.

Le RGAA : un cadre pour rendre le numérique accessible à tous

Face aux enjeux d’inclusion numérique, la France a mis en place un dispositif réglementaire spécifique : le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA). Ce référentiel définit des critères techniques stricts que doivent respecter les sites internet, applications mobiles et autres services numériques afin de garantir leur accessibilité à tous.

Inspiré des recommandations internationales du WCAG (Web Content Accessibility Guidelines), le RGAA est adapté aux spécificités juridiques et techniques françaises. Il s’adresse principalement aux organismes publics, mais également aux acteurs privés, notamment les sites de e-commerce. Son objectif est clair : permettre à chaque utilisateur, quel que soit son handicap, d’accéder de façon autonome aux services numériques.

Le RGAA propose un cadre opérationnel précis, reposant sur 106 critères techniques répartis en 13 thématiques majeures, couvrant des aspects essentiels tels que les images, les couleurs, la navigation, ou encore les formulaires. Ces critères s’accompagnent d’environ 265 tests détaillés, qui permettent d’évaluer de manière rigoureuse et objective le niveau d’accessibilité d’un site ou d’une application.

En uniformisant les bonnes pratiques et en imposant des exigences mesurables, le RGAA guide les acteurs publics et privés vers la création de services numériques véritablement accessibles. Il contribue ainsi à bâtir une société plus inclusive, où l’accès à l’information et aux services en ligne ne rencontre plus d’obstacles.

Les critères du RGAA : l’exemple du contraste des couleurs

L’un de ces critères concerne le contraste des couleurs. Chaque page web doit garantir que le contraste entre la couleur du texte et celle de l’arrière-plan soit suffisamment élevé pour être lisible, sauf exceptions très spécifiques. Ce critère, référencé 3.2 dans le RGAA, inclut notamment le test 3.2.1 qui vérifie que le texte standard (non gras et de taille inférieure à 24 pixels) respecte ce seuil de contraste minimal. Ce type de règle est essentiel pour les personnes malvoyantes, mais aussi pour certains handicaps cognitifs.

Pour les personnes malvoyantes, un contraste élevé est indispensable : avec une vision réduite, des troubles de la perception des couleurs, ou une sensibilité à la lumière, elles ont besoin d’une distinction claire entre le texte et son fond pour pouvoir lire confortablement et sans fatigue. Sans ce contraste suffisant, les contenus deviennent flous, se fondent dans l’arrière-plan, voire sont tout simplement illisibles.

Pour les personnes avec des handicaps cognitifs, comme certains troubles de l’attention ou troubles DYS (dyslexie, dyscalculie, etc.), un bon contraste facilite également la lecture et la compréhension. Un texte bien contrasté réduit la charge cognitive, évite la confusion et aide à mieux focaliser l’attention sur l’information importante. Par exemple, une couleur de fond trop proche de celle du texte peut rendre difficile la reconnaissance des lettres ou mots, ce qui nuit à la fluidité de la lecture et peut provoquer des erreurs d’interprétation.

Ainsi, ce critère simple mais crucial profite à plusieurs profils d’utilisateurs en améliorant non seulement la visibilité, mais aussi la compréhension et l’expérience globale de lecture.

Pour en savoir plus sur ce référentiel essentiel, consultez notre article dédié : C’est quoi le RGAA ?

L’accessibilité numérique : une amélioration, une nécessité et une obligation légale

L’accessibilité numérique est bien plus qu’une simple contrainte réglementaire : c’est un levier essentiel pour garantir l’égalité des chances dans notre société connectée. Pour certaines personnes en situation de handicap, elle représente une nécessité absolue, sans laquelle l’accès à l’information, aux services et aux démarches en ligne leur est tout simplement impossible. Pour d’autres, elle constitue une amélioration précieuse qui facilite et optimise leur expérience utilisateur.

Au-delà de ces enjeux, rendre le web accessible profite à tous, en créant des interfaces plus claires, plus simples et plus efficaces. C’est une démarche inclusive qui vise à ne laisser personne de côté, quelle que soit sa situation.

Se rendre conforme au RGAA dès la conception d’un site, c’est non seulement répondre à une obligation légale, mais aussi s’engager activement dans la construction d’un numérique plus juste, plus humain et plus performant.

C’est aussi une décision stratégique et budgétairement responsable. Intégrer les exigences d’accessibilité dès le départ permet d’éviter des surcoûts importants liés à des refontes tardives, souvent plus complexes et coûteuses.

À l’inverse, ignorer ces exigences, c’est non seulement prendre le risque d’exclure une part importante de la population, mais aussi s’exposer à des dépenses imprévues, à des sanctions et à une perte d’image.

Faire le choix de l’accessibilité dès la conception, c’est investir intelligemment dans la durabilité, l’inclusivité et la performance de vos services numériques.

Avec Netsulting, bénéficiez d’un accompagnement complet pour organiser votre mise en conformité RGAA. Nous vous aidons à réaliser un diagnostic précis du niveau d’accessibilité de votre site internet, tout en vous fournissant des conseils personnalisés et des recommandations adaptées à vos besoins.

Un grand merci à Malton et à Cenomy pour nous avoir permis d’utiliser leurs photos pour illustrer cet article.